Ile bambou, autre côté, vers 19h, au large de Sihanoukville.


Ce matin, départ pour l’île bambou, armé d’une nouvelle fausse paire de Ray-Ban. Yeah. On recroise un petit groupe de français, qui a fait la route avec nous dans le mini van, et qui a eu la même idée. On savait vaguement qu’il devait y avoir plusieurs types de bungalows. Arrivés sur l’île, deux lots de bungalows arment l’embarcadère, agglutinés encore une fois. Je demande si il y a des bungalows de l’autre côté de l’île, et je n’ai que des réponses flottantes. Après une inspection de la côte, on voit un chemin qui s’enterre dans la forêt. Alice me suit sans trop de convictions, mais c’est notre dernière destination, et j’ai envie d’aller de l’autre côté, du côté de la mer et non du continent, aller jusqu’au bout. Le chemin dure. J’apprécie ce moment, cette dernière destination incertaine, cette idée de chercher dans le présent, de sentir, d’être le chemin. Accrochés à cette piste, au milieu de la forêt dense. Nous marchons. Et puis les arbres se font plus rares. Et là, une maison, avec un écriteau « No entry ». Je sens Alice derrière moi. Nous ne sommes pas encore à la plage, allons jusqu’à la mer. Jusqu’au bout du chemin. Et là, un petit écriteau fléchant des bungalows. C’est là. Une grande plage, en forme de croissant de lune déploie l’horizon et sa ligne pure et tenue. « Destination paradis », le titre d’un morceau de Nikel Gorr, me vient en tête. Le sable crisse sous nos pieds, la mer est chaude et transparente, dévoilant des teintes turquoise, des coquillages tropicaux et des morceaux de corail. Je n’avais jamais vu de corail. Il y a en fait une petite barrière de corail. Je n’avais jamais vu non plus, du coup, une barrière de corail. C’est beau. Dix bungalows sommaires, et un grand circulaire, ouvert, éparpillant tables basses, tapis et coussins. Musique lounge, pas beaucoup de monde. On ne se sent pas au Cambodge, mais dans l’endroit qu’on imagine. Barboté des heures. Des années. Comme des mômes. Et brusquement, une pluie tropicale, dense, faisant abattre une nuée d’énormes gouttes. Il fait meilleur à l’intérieur de l’eau. Magique. Salade, baignade, sieste en hamac. Nous avons atteint le bout de notre destination, l’arbre de vie est aussi ici. Le paradis que l’on trouve, sans adresse, juste là, tout au bout du chemin. Forcément, c’est la plus belle journée de notre voyage.