Même jour, Kan Khong guesthouse, 19h50.


J’ai l’impression qu’il est minuit. J’ai un peu chaud aux pieds, aux mollets, aux bras, au visage. J’ai l’impression que la crème qu’on a acheté à Thakek n’est pas vraiment « UV 3O », ce qui ne m’étonnerait pas plus que ça…La balade à vélo a été formidable, le tour de l’île est superbe, on a mangé dans une petite gargote, vu plein de belles choses, de beaux horizons, des enfants qui sortaient de l’école par centaines, un serpent. Alice a choppé une sangsue, mais ça va. Une très belle journée. Un vélo sur une île pour en faire le tour, c’est peut être une des portes vers le bonheur. La vie peut être douce ici, pour une française et un français en vacances. Un sentiment de liberté, de se propager dans l’espace comme un gaz, sans but autre que celui de s’étendre. Dans cette beauté immobile des paysages étrangers, nous enveloppant dans un calme plat et immédiat. Le bonheur d’être, d’exister. Lors de cette boucle, nous avons identifié (enfin surtout Alice) d’où venait cette magnifique plante, qui est aussi un fruit. Ca a le goût d’une noisette un peu verte. Ca ressemble à un arrosoir. Ou a un jouet. C’est le fruit du nénuphar. On a mangé un succulent poisson du Mékong pour 30 000 kips, soit environ 2,5 €. C’est marrant, parce qu’on se dit « C’est pas donné », vu le niveau des prix dans une gargote, alors que finalement, on est parfois près à payer deux à trois fois ce prix pour un demi dans un endroit branchouille à Paris. Le monde est bizarre, et on lui ressemble. Tellement différent, tellement identique. On a vu de belles couleurs au bord du Mékong pendant le coucher de soleil. Et un australien, ou un américain, bourré, qui parlait tout seul, qui disait qu’il était là dans les années 70, et qu’il avait perdu son cœur. Enfin, plutôt au Vietnam, qu’il disait. Va savoir. C’est quand même étrange toute cette vitesse, en quelques dizaines d’années. En tous cas cette île est un petit paradis, d’un calme exquis. Pour preuve, un jeune nous a dépassés sur sa moto, au tout début de cette journée à vélo, avec un gros « 13 » dans le dos.