Même jour, guesthouse « Fresh Air », Siam Reap, vers 17h.


De la guesthouse, la suite que je n’avais plus envie d’écrire tout à l’heure. Plutôt envie de méditer un peu. Bref. En face de ce temple, un immense bassin. Des ruines colossales, qui rendent compte de la taille de cette cité. Puis un temple-montagne, avec de grosses pierres en forme de marche à gravir, se rétrécissant vers le haut…Casse gueule ! Une géométrie, une symétrie, un symbolisme émane de chaque lieu, dans les formes générales autant que dans les innombrables détails des bas-reliefs, sculptés dans la plupart des pierres. Une belle vue, et un tuk-tuk qui nous attend. Sans doute le meilleur moyen de découvrir le site. La petite boucle fait, je crois, une trentaine de kilomètres. Puis le grand bassin, et le centre de la cité, Angkor Thom, avec le fameux Bayon, et ses visages sculptées dans les tours. Toute l’histoire des Khmers et des Chams gravée sur tout le pourtour en bas-relief. Mon temple préféré, ainsi que celui d’Alice. On mange sur place, puisque des dizaines de gargotes accumulent les propositions, qui fusent en permanence. C’est très touristique - ce qui n’est pas très étonnant - mais on le ressent bien plus par les vendeurs permanents, de tout et de rien, que par les autres touristes. Ils sont nombreux, mais finalement assez étalés. Enfin, le bijou principal, Angkor Vat, représentant l’univers, installé sur une sorte d’île dessinée par d’immense douves, l’isolant du reste du site dans un majestueux carré d’eau. Un lieu très beau, très impressionnant, mais forcément très fréquenté. A tel point que je me sentais un peu bizarre. Après quelques errances, j’ai trouvé un angle donnant sur le point de vue du second niveau, tout petit, très calme. J’ai médité. Ca m’a fait beaucoup de bien. Alice a fait un petit tour pendant ce temps, et pris d’ailleurs quelques photos que j’aime bien. Puis je me suis levé, j’ai marché un peu, je regardais autour de moi avec un détachement certain. Il a plu. Puis on s’est retrouvé, nous avons encore errés un peu, dans ce palais à ciel ouvert et trempé. Je me sentais un peu vide face à tous ces gens prier, et faire des offrandes, et se faire adresser des « Good luck for you ! », devant une statue d’un homme qui médite. Je ne voyais pas cela comme ça, même si je ne pouvais pas l’imaginer décemment autrement. Sur la route de la sortie, j’étais heureux d’être vivant, ici, à ce moment, avec Alice, ressentant la pluie chaude qui nous mouillait, qui nous pénétrait de sa réalité. Il y a eu un arc-en-ciel au-dessus du temple, de ces trois grands tétons élancés vers le ciel. C’était vraiment particulier. Et puis retour ici, à Siam Reap, à manger dans un resto classe pour occidentaux un BBQ cambodgien de crocodile et de serpent, et c’était très appétissant, et très bon. D’ailleurs le crocodile c’est meilleur que le serpent. Il y a une rue à Siam Reap consacrée aux touristes, qui viennent manger le midi ou le soir, de retour d’Angkor. Pubs, restos divers, service impec’, décor soigné, au millimètre, éclairage tamisée, musique internationale. Le voyage est parfois à une rue, dans un sens comme dans l’autre.