Jeudi 13 novembre 2008, île du lapin, au large de Kep, 11 h passé.


Donc…Nous sommes ensuite allés manger un morceau du côté du marché central, couvert par une sorte de grosse coupole, elle aussi assez 70. Fatiguant. Puis, le marché russe, où soi-disant, on y trouve tout ce que l’on désire, mais on n’y a trouvé que de la pacotille chinoise. On est ressorti très déçu, on pensait trouver plein de souvenirs, de trucs à acheter, mais ce marché s’est révélé vraiment inintéressant, bruyant, et beaucoup trop chinois. Un instant de bonheur toutefois : J’ai trouvé une vendeuse qui faisait des desserts vietnamiens, je crois, ces fameux desserts qui ont participé à mes débuts asiatiques, du côté du 13e. Je me rappelle d’un dessert dans un grand verre allongé, fait d’une sorte de lait de noix de coco, où baignaient de gros fils verts sucrés, quelques boules translucides, et des glaçons cachant dans leur centre un litchi. J’en ai retrouvé dans les superettes asiatiques de Belleville, mais là, grand sourire satisfait à l’appui, même parfum, même saveur, j’ai tout avalé goulûment, j’ai même pris son stand en photo. Elle a accepté d’un air un peu gêné. Enfin, notre tour dans ce marché russe, réputé pour sa variété, nous a montré une fois de plus que la Chine occupe une place très importante ici. Les boutiques, les restos, et surtout la marchandise, sont essentiellement chinois. Un peu penauds. Nous avons recroisés par hasard Malika et sa tante, que nous avions rencontrés dans le Mondulkiri, et qui sont d’ailleurs sur une de mes photos, par hasard aussi. Elles nous ont dit que lorsqu’elles étaient passées à Phnom Penh trois semaines plus tôt, il y avait deux fois moins de monde…Ca nous a rassurés. Nous avons fait un petit tour de nuit, vers le Palais Royal. La foule. On s’est assis, à ne rien attendre, comme tout le monde. Les foules sont l’endroit idéal pour se fondre. Ca nous a fait du bien. Un petit feu d’artifice, et puis vite rentrés. Le lendemain, avant-hier (le temps passe), départ pour Kep. Une autre belle route, un petit village balnéaire, et la mer. Belle mer, chaude mer, plage riquiqui et pas propre, mais bon, on reste français, quoi…Une ballade dans le coin, quelques bâtisses abandonnées étrangement plantées, plein de construction en chantier, et une guesthouse perdu dans la jungle de la colline. Bungalow, hamac. Vue sur mer. La brise. Le soir, crabes et calamars au village des pêcheurs au bord de l’eau. Difficile de faire mieux. Notre voyage prend des allures de vacances, c’est une bonne chose de terminer par ça. C’est amusant de voir que l’idée de notre mois de novembre en France, réputé pour être le mois le plus déprimant, est une vision très relative. Ici, ciel bleu, mer chaude, chaleur, brise. Tropical. Ca tient à rien, le monde, et la manière dont on le perçoit. Hier, location de moto. Vroum again ! Quel pied, la moto, dans ces coins. Nous avions en plus une quête : Trouver la plage secrète. Avec une assez bonne carte, faite à la main, nous l’avons trouvé sans trop de difficultés. Plutôt une succession de petites plages de pêcheurs. Et là, forcément, quelques personnes du coin. L’air de la chanson de Katerine me vient en tête : « Tu vois, on est jamais seuls au monde, même sur les plages blondes, de Wallis et Futuna…». On a mis le temps pour fixer nos paréos sur la plage, à ruser avec le vent, ce qui nous a valu la présence d’un petit groupe, nous regardant comme une attraction. Un peu de baignade, un peu de bronzette, mais pas trop (ça brûle, ça brûle), quelques photos pour le souvenir. Un moment de calme. Et en route pour trouver quelque chose à manger. Nous avons mis le temps. Puis la recherche d’un Vat, perdu quelque part sur la carte dessinée. Il était calme, très calme, perdu au fond d’un long chemin. Dans un beau jardin, un temple, et un Bouddha coloré, comme les fresques aux murs et au plafond. Alors, le calme et le silence aidant, j’ai médité. J’ai pensé à ce détail que nous n’avions encore pas vu ailleurs : le temple avait, tout le long de ses murs, des miroirs, de sorte qu’ils se reflétaient à l’infini. Assis, j’ai regardé ce Bouddha, fixé son troisième œil. Son regard. Il s’est transformé, il a pris plein de visages, de formes. Il ne me montrait que ce que j’étais. Comme une conversation avec moi-même. Comme ses miroirs conversant dans l’infini de leurs réflexions. Rien. Tout. A l’intérieur. La seule question sans réponse. Au creux de mes réflexions intérieures, l’infini. Et son visage auréolé. L’origine de l’auréole, à l’intérieur. J’ai rejoint Alice, qui s’est promené autour du temple, serein. Nous avons repris la route. Après coup, on s’est rendu compte qu’il ne s’agissait pas du temple indiqué sur la carte. Qu’importe. Puis nous avons cherché une plantation de poivre, que nous n’avons pas trouvé, mais au passage, à demander notre chemin en Khmer aux gens qu’on croisait, nous avons fait rire beaucoup de monde. Le soir, le même festin que la veille, accompagné cette fois d’un français, un soixante-huitard désabusé, comptant sur la jeunesse pour régler notre société. Il était venu au Laos et au Vietnam, début ’70, il ne supporte pas cette forme de victoire américaine, de capitalisme omniprésent. Il doit y en avoir beaucoup, finalement, des bonhommes comme ça. Qui ont l’impression que les USA ont perdus la bataille, mais gagné la guerre. Le soir, ou peut-être le soir d’avant, allongé sur le hamac, j’ai regardé une étoile briller. Elle bougeait, puisque j’étais sur le hamac. Ca m’a rappelé une idée de mon enfance, une de plus. Je rêvais de déplacer les étoiles par ma pensée. Ce qui, en soi, n’a aucune utilité, en plus d’être totalement impossible. Et là, cette étoile boug