Jeudi 6 novembre 2008, dans un bus vers Siam Reap, 12h32.


Demain, c’était hier. Hier, il n’a pas plu le matin, mais la route était encore pire qu’à l’aller. Ainsi que nos places. La personne a qui on a booké le trajet jusqu’à Kompong Cham était morte de rire quand on lui a dit qu’on avait fait l’aller sur l’avant du toit. « Mais non, derrière ! ». C’était sans compter le monticule d’affaires qui nous font penser qu’elles sont plus importantes que les passagers…Pas très bouddhique, tout ça. Deux chaises aussi horribles qu’énormes trônaient dans le tas attaché. Juste avant de partir, j’ai essayé de récupérer ma casquette, que j’avais oubliée à l’entrée de la guesthouse, mais ils n’ont pas trouvé la clé…Un morceau à moi dans le Mondulkiri ! Détachement, détachement…On grimpe dans le pickup, une chaise dans le dos, je n’étais pas de bon poil. Au bout de dix minutes, je me suis installé dos à la route, accroché aux deux chaises. Alice a trouvé une place inconfortable à souhait sur un des côtés. Et le conducteur roulait pleine balle, j’ai vraiment fait du rodéo…Le fameux passage difficile s’est révélé un peu moins difficile à traverser, mais plus impressionnant…Avec de gros coups de soleil sur les mains et la nuque, nous continuons la longue route. J’ai l’impression qu’on va à vitesse accélérée. L’impression du point de fuite me revient, mais inversée. Dans ce paysage sauvage, tout semble s’avaler, se refermer dans ce point, comme une histoire qui s’en va. La route est toujours aussi vierge et colorée, paisible et changeante. Mais là, vu d’une manière très rapide et mouvementée…Nous pensions retourner à la gare routière, juste au début de la piste. Le pickup va en fait directement à Kompong Cham. C’est ce qu’on en a déduit sur le terrain. Enfin plutôt sur le pickup. Evidemment, sur le bitume, il s’est mis à rouler encore plus vite, mais au moins c’était stable. De là, nous avons dû mettre deux bonnes heures pour arriver dans une petite ville, où j’aurai aimé rester plus longtemps si nous avions eu plus de temps. J’ai tout de suite aimé son rythme tranquille, au bord du Mékong. Ville de passage, et pourtant ville attachante. Nous avons trouvé une petite guesthouse sympathique, avec un beau balcon donnant sur le Mékong. Un anniversaire avait lieu en bas. Nous avons allumé la TV, pour une fois qu’on en avait une, cherché une chaîne d’infos en anglais…Bingo ! Obama Président ! Yeah ! Et puis largement…On s’est d’ailleurs demandé, s’il n’y avait pas eu la crise…Même résultat ? En tous cas ça, nous a fait du bien d’entendre cette nouvelle. Et puis, on s’est promené un peu dans cette ville, sur le marché, boire un jus de fruits. C’était bien. J’ai trouvé chez une petite vendeuse dans la rue, une viande séchée que j’achète en sachets...mais grillée. Bref. Nous nous sommes un peu posés dans notre chambre, devant le Mékong, ce grand pont le traversant, et la nuit qui tombait, avant d’aller manger. Dans un endroit très bon, mais fait pour les touristes, et qui m’a un peu déprimé. La TV faisait tourner des images de la victoire d’Obama, Alice a commandé un hamburger pour fêter ça, on écoutait du Johnny Cash ou un truc du genre, et ça discutait anglais de partout. Ok, on rentre, on matte la TV. Un téléfilm français sur TV5. Hé ben, ça change. Décollés ce matin dans un VIPbus, et là, bientôt arrivés à Siam Reap, la page est vite tournée.