Samedi 25 octobre 2008, Travel Lodge, Thakek, 18h30.


La route a été belle, pour notre retour à Vientiane, dans un bus plus coloré, moins confortable, avec un problème de radiateur, et un peu de retard. Grâce à mes algues séchées en snack, d’ailleurs pas terribles, j’ai fait la connaissance de Christopher, un américain de Portland assez particulier. Il m’a un peu rappelé Jérémy. Crâne rasé, ancien prof d’Anglais en Chine pendant deux ans, il a appris le mandarin. Se plonger dans ce pays, qui parle Lao, est quelque chose d’étrange pour lui… Il s’est donné un an pour voyager, afin, comme il aime le dire, d’avoir d’autres choses à enseigner à ses élèves. Pratiquant la méditation, il fait sa route seul, et est parti de Chine pour continuer sur le Vietnam. On a pas mal discuté d’image, je lui ai parlé de mes projets, de documentaire, de l’idée du hors-champ de Deleuze, pour qui (entres autres, hein) choisir de filmer une image, c’est choisir toutes celles que tu ne filmes pas, en dehors de ton image. Ca lui a fait penser à l’idée du télescope. C’est une peu ça. Il m’a parlé d’une expo à Luang Prabang, dirigée par un occidental, et réalisée par des enfants Lao, il a trouvé très fort. Je lui ai suggéré de faire de même quand il reprendra son activité. J’espère qu’il le fera…Retour à Vientiane, on a trouvé une guesthouse sympa, et on a regardé nos mails, mais Soulidete, notre ingénieur, ne nous a pas répondu. On est retourné à la gargote qui fait des bouchées vapeur, et son patron qui me rappelle Yves Mourousi. Les lunettes, sans doute. Alice était fatiguée, elle avait mal au dos. On s’est un peu énervé, surtout par la fatigue, ce trajet de 10h était finalement éprouvant. Directement couché, on s’est levé, j’étais un peu dans le pâté ce matin. On est allé regarder nos mails, toujours pas de Soulidete. On a essayé de l’appeler, ça sonnait libre. Tant pis. On a donc décidé de prendre le bus pour Thakek. On est partis, après une bonne soupe du matin – ma première ! – pour le bus. Bus local, parfait quand ça ne dépasse pas 5-6 h. On a rencontré un lawyer, la route a été belle, et on a même vu deux mecs sur deux éléphants sur la route…Wha. Un superbe coucher de soleil, arrivé à la gare routière, et là, on se rend compte que les tuk-tuk ne sont pas pressés ici. Qu’est-ce qu’un tuk-tuk, d’ailleurs...C’est une sorte de moto bricolée en carriole à trois roues. Pas mal de déclinaisons en fonction des pays. Ca sert pour les petits déplacements. C’est classe, ça va pas très vite, ça permet d’apprécier le paysage, et de voir des véhicules pleins de couleurs, un peu comme une super auto-tamponneuse. On est arrivé ici, une petite propriété avec une quinzaine de chambres, très sympa, romantique, peuplée d’étrangers, mais à l’écart du centre de cette petite ville, c’est dire si c’est calme. J’ai l’impression que notre voyage prend forme. Je sens le bain, je quitte tout doucement mes reflexes. Tout doucement. Ici, c’est parfait pour se reposer, et quitter enfin le brouhaha de la ville et, dans une certaine mesure, celui des bruyants touristes. Beaucoup d’américains-australiens, quelques français, quelques allemands, c’est amusant de voir autant de ricains dans ce coin. Ils parlent fort. C’est l’anglais qui veut ça ? Non, ils parlent fort. Tous ces équilibres sont si fragiles, c’est toujours aussi perturbant d’être étranger, et étranger parmi les étrangers Une dernière rencontre à notre retour de Vientiane, pendant la pause-déjeuner : Un jeune Lao qui m’a demandé d’écrire mon nom, et d’écrire le mot « friend ». On cherche tous la même chose. Same same.